Je m'emporte.

Allons y.

Je vais tout anéantir, au cas où je ne puisse pas partir.

Nous sortons, Père et Mère et Moi, tout est bon ? Oui.

Le hall, qui sent le carrelage sale et la fumée de cigarettes, les fonds de valises et la bouffe d'aéroport. Par là, c'est là qu'on doit se mettre, c'est l'enregistrement. Dans quelques heures, je serai là-bas. Mon coeur bondit comme une puce qui fait la con. Je ne tiens pas en place. Mère a les larmes aux yeux, elle s'inquiète. Père n'est pas là, il est parti faire ses déjections, il en a pour une heure environ, juste le temps d'enregistrer les bagages. Dans quelques heures, mes pieds se poseront là-bas. Là-bas.

Mon bagage est parti. Nous montons, ils m'accompagnent jusqu'à la porte d'embarquement. Gate. Là, on pose son sac sur le rouleau qui avance. On passe entre deux plaques. Ca sonne, ou ça ne sonne pas. On dit aurevoir, ils pleurent parce que je m'en vais, je pleure pour la même chose, dans l'autre sens. La suite ? Je suis très mal, présentement. Dans plus de trente minutes, je verrais apparaître dans la boîte aux lettres une enveloppe cornée.