Terrible

Vraiment horrible.

Ah, Dieu, m'entends tu? Je ne crois pas. Si tu peux m'envoyer le mode d'emploi, ça me faciliterait un peu la vie. Je suis pathétique, quand je dis ça. Que ma vie n'est pas "belle", "parfaite". Mais pourtant, c'est vrai. Effroyablement vrai.

J'ai un peu rangé ma chambre. Je m'y sens bien. Elle sent bon, le renfermé, peut être, ça je ne le sens pas. J'ai écouté des cds sans nom, regardé des bouts de téléfilms nullissimes, mangé un peu. Il est trois heures passées, c'est comme il l'a écrit, l'heure où il est trop tôt, ou trop tard.

J'ai rangé ma bibliothèque. J'en ai avalé, des livres, je n'avais jamais fait attention. Et pourtant, pour la plupart, je n'en ai gardé que peu, ou pas de souvenirs. J'ai retrouvé une lettre de la girafe. Elle est belle, sa lettre, tout son sens vient me gifler, maintenant. Ca fait deux ans ?

J'ai trouvé des tas d'objets amenés par l'ouragan. Je n'y ai pas prêté plus d'attention que d'ordinaire, seulement je sentais que quelquechose m'empêchait de pleurer. Une sorte de résignation. Pourtant, le choc est violent, je me sens fondre en y pensant, j'arrête, ça peut tacher.

Je ne suis pas consciente de ce que j'écris. En lisant les articles de mon blog, j'ai eu peine à me dire que la fille derrière le clavier, ce n'était pas une inconnue, mais moi. J'ai une sensation de vide, lorsque je me retrouve seule avec moi-même. Je sens quelqu'un, oui, moi, mais. Une moitié, peut être. J'ai filmé mon corps. Je voulais me voir, savoir comment j'étais faite, voir ce qui ne se voit pas dans un miroir, voir ce qu'il voit, ce qu'il a vu, comment. Je n'ai rien pensé, en me voyant. Je ne me suis pas trouvée laide, ou graisseuse, ou maigre, ou gauche, ou belle, ou rien. J'ai pensé que ce n'était pas bien, que c'était mal. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis dit

puisqu'elle n'existe pas, elle, à quoi ça te sert de la filmer? c'est comme si tu filmais le vide. allez, arrête, tu deviens bête et tu battifoles toute seule.

D'ailleurs, j'ai changé d'état, depuis que nous avons regardé, maman et moi, les photos de sa jeunesse. Je crois qu'à partir de cette soirée, tout à changé. J'ai pris conscience que j'étais. Que j'allais peut être avoir des enfants, que ma vie semble encore loin, intouchable ! J'ai la désagréable certitude que je suis une spectatrice, passive, inutile. C'est fou, j'ai réalisé à quel point tout me passe entre les mains, je laisse tout filer, sans m'en plaindre, juste en m'exaspérant. D'ailleurs ça ne mène à rien. Peut être devrais-je vivre ma vie, au lieu de me contenter de me laisser porter, vaguement, au gré des autres. J'ai aussi remarqué qu'en m'écoutant, je fais les mauvais choix. Au premier abord, certes, ils sont execrables. Mais en regardant de plus près: tous les sacrifices, toutes les larmes, chaque douleur, chaque seconde de desespoir m'ont projetée plus loin. Plus loin que quoi? Mon passé? Je ne sais pas, si ma vie, je dois la regarder en face, ou si je dois rester dos à elle, ça ferait beaucoup plus peur, je sais. Mais ?